Je me laisse pousser les cheveux, depuis que...
Je suis un écrivain, un fantôme littéraire
Avec mon piano séculaire, mes larmes surnuméraires, mes ires
Je suis un dieu qui possède des rides et qui roule en chariot... ...
Moi, je suis comme Prévert, j'adore les oiseaux, je défend les pauvres
Je n'aime pas le café, je bois du coca et le matin je mange des gaufres
La sève des mots coule en moi, je suis autant possédé qu'Antonin Artaud
Je veux mourir de folie et qu'ensuite l'on foute mon coeur dans un étau
Je n'ai plus le sens du réel, je réinvente constamment
Je lance des métaphores à outrance chargées d'obscurité
J'écris comme si c'était la fin, de la poésie testament
Dedans laquelle paradent créatures criardes et spectres fragmentés
Mais ce soir je reste là, je dors dans une chambre froide
Mes vieux vêtements puant la foire et mon squelette roide
Que suis-je, si ce n'est un artiste raté destiné à faire des flops
Un marginal qui traîne une nuit sur deux dans des sex-shop
A faire de l'oeil à des corbeaux, a sodomiser des vieilles putes
A se faire pomper lentement par des chauve-souris baroques
A faire joujou avec un barillet en espérant la grande culbute
En criant à la mort et une fois parti léguer son pauvre froc
Je me décomposerai dans la misère, me pourrirai dans la rancissure
Les générations passeront comme la pendule qui jamais ne perd son temps
Un jour, des inconnus trouveront mon grimoire et s'y perdront dedans
Puis je connaîtrai la gloire quand le monde entier jouira de ma littérature