J'ai fumé mille clopes en attendant ton retour
Toi qui ne m'est revenue que lors des nuits sans lune
Où je te rêvais sans visage
Voyant ton corps déformé par la vie
Par ce temps aussi vieux qu'une lanterne verte
J'ai cherché les yeux qui naguère t'allaient si joliment
Pleins de ce bleu qu'aucun ciel ne possède
Plus insondable que l'amour véritable
J'ai cherché ta blondeur de soleil
Qui se nacrait sous la pluie
Et convulsivement je la crois sentir
Puis je m'entriste comme un clown foutu
Quand je réalise que je n'hume que du goudron
Avec ces paquets de merde qui me consument
Je commence à vieillir comme l'hiver
L'hiver aussi blanc que ma chevelure
Aussi froid que mon taudis qui pue la mort lente
J'ai des rides aussi creuses qu'un fossé
Ma gueule se délabre comme les murs du temps
Mes bras ne sont plus ces faibles merveilles
Qui t'étreignaient à la manière des jeunes amants
Désormais ils tremblent comme l'automne
Et ne me servent plus qu'à me brûler des blondes
Moi et mes poumons morts, on a fumé pour t'attendre
Dessinant ton sourire dans des brumes de cancer
Dans ma fumographie, j'ai cru pouvoir te retrouver
Car au fond tu ressembles à une cigarette
La même tête blonde, le même corps blanc
Et toutes deux savez donner du plaisir
Plus éphémère encore qu'un été radieux
Et trois fois plus radioactif qu'une saison nucléaire
L'amour est une maladie de l'imagination
J'ai fumé mille clopes en attendant ton retour
