Extase Coagulée le fanzine des morts aux yeux vivants |
| | La Mort d'Orphée — Chant IV | |
| | Auteur | Message |
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Maxime
Messages : 18 Date d'inscription : 21/01/2013
| Sujet: La Mort d'Orphée — Chant IV Jeu 31 Jan - 18:44 | |
| Chant IV
ORPHEE
Je ne vous aime pas, Je ne veux de vos charmes ; De vos voix j'en suis las, Epargnez-moi vos larmes.
Pourquoi vous acharner ? Je vous repousse encore. Pourquoi toujours m'aimer ? Vous n'aurez point mon kore.
Voilà un effrayant Regard qui se veut sombre ! Je m'en irais content, Moi qui ne suis qu'une ombre.
Devant tout vos malheurs, Seule rira ma bouche, Et vous fondez en pleurs, A terre je me couche.
Je suis si dur, si froid, Que votre âme est blessée ; Voyez le hors-la-loi, Voyez le vrai Orphée !
Pensez-vous à l'encens Qui brûle tel ma femme ? Poussez-donc cet amant Brûlant comme ma flamme.
BACCHANTES
Jetons-le dans cette onde Où la vague profonde Portera ses morceaux Sur la barque féconde Voguant au cours des maux.
Pourquoi bercer encore Le vaisseau de l'aurore ? Pour la dernière fois, Rage qui s'évapore, Ecartes-donc ces bois,
Et qu'en débris fragiles, Comme les non-dociles, Cette houle d'airain L'éloigne loin des îles, Le coule au fond marin.
Admirez, sœurs fidèles, Se noyer les nacelles Dont les membres chéris, Ô plaintes éternelles ! Se changent en débris !
Nous avons pris son âme Et son corps sous la lame Se disperse en ce jour ! Elle s'éteint, sa flamme, Tout comme son amour.
Nous nous sommes vengées ! A présent délivrées De l'amant importun, Voyons nos hyménées Libérées ce matin.
Mais soudain, fugitive, S'élevant de la rive, Une voix, à nos yeux Bien loin d'être plaintive, Récita ses adieux.
UNE VOIX
Dans les cieux étoilés je me suis échappé, Voguant sur les amers flots de ma solitude, Réfugié sur la mer, bâtiment dépravé.
Egaré en ces eaux d'inconnue latitude, J'observe ton portrait aux traits si harmonieux Qui me fit m'oublier dans cette multitude.
Dévoré par l'envie de rejoindre les cieux, Je me laisse tomber dans l'onde du sourire, Je me perds à nouveau dans l'ombre de tes yeux,
Et réponds tendrement à l'instant où chavire Au regard plein d'espoir, mon navire isolé, Je sombre dans l'abîme en un serein soupire.
Je m'enfonce avec lui, ce passé envolé, Et m'agrippe à l'image éloignée des rivages Où le temps désarrime en voyant ta beauté
L'épave de nos corps souffrants de mains ravages.
BACCHANTES
Un orage de voix S'élève sur la plage Où descendent les rois Accompagnés des lois ; En guise de présage Le rayonnant visage D'un dieu pousse un soupir D'où s'échappe Zéphyr… | |
| | | Joël Gissy
Messages : 188 Date d'inscription : 23/01/2011 Age : 42 Localisation : Alsace
| Sujet: L'épave de nos corps souffrants de mains ravages.... Mer 6 Fév - 16:38 | |
| "L'épave de nos corps souffrants de mains ravages."
Superbe, ceci ! Tu me donnes envie justement de publier ce qui suit. Heureux que tu veuilles participer au fanzine:
La Divine Mesure
Superpositions en palimpsestes au calque Du chaos de la nature décomposé, Où luit, cœur d’un œuf philosophal l’orichalque, En ce creuset minéral, l’or recomposé, Dissolu de la boue, coagule son sang. Et le désir circule en souffle tournoyant De l’organisme aurifère, cristallisé. De la terre alchimique, argile ocre égyptien, Dont fut façonné à la main d’étoile Adam, Les pleurs s’imprègnent, perlés d’un soleil chtonien Qui perce sur les dents d’un démon souterrain.
Joël Gissy
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| | | Maxime
Messages : 18 Date d'inscription : 21/01/2013
| Sujet: Re: La Mort d'Orphée — Chant IV Mer 6 Fév - 17:26 | |
| Oui, j'aime particulièrement ce vers aussi ! Ayant voulu le garder tel quel, car ce passage de la Voix est une réécriture d'un poème ancien désastreux au niveau de l'alternance des rimes (mais dont j'étais fier à l'époque), m'a causé quelques problèmes avec le vers précédent notamment : "Où le temps désarrime en voyant ta beauté" La deuxième partie du vers m'exacerbe à tel point que j'en suis venu à rongé tout mes ongles que j'avais réussis à maintenir en bon état depuis quelques mois, et j'ai sombré à (de?) nouveau dans le grignotage intempestif d'ongles ahah Merci de ton passage en tout cas, si tu as quelques détails qui te chagrinent dans ce que tu as lu, des maladresses ou des points qui mériteraient ou non d'être développés, ou transformés, je suis partant ! Quand à ton poème que tu viens de poster, je l'ai commenté sur le forum poétique, et je l'ai trouvé très intéressant ! Ce n'est que maintenant que je vois le lien avec le "démon souterrain." (Hades ayant trompé Orphée ?) et le "soleil chtonien" que j'interpréterait comme étant le regard de la nostalgie, ou du remords, enfin, ce qui fait le mal-être de mon pauvre Orphée. Pour ce qui est de l'or, j'en reste à ma première analyse, si ce n'est que je rajouterais bien une interprétation nouvelle à ce que je t'ai proposé sur l'autre forum : celle de la lyre et de son chant. En effet, sa parole est charmeuse, sa musique et magnifique, et les deux combinés formeraient un alliage, et les deux confondus, fusionnés dans la fonte, serait de l'or. Enfin, je m'explique peut-être mal, mais l'or évoquerait justement cette… comment dire… toute puissance de son chant et de sa musique (il peut charmer les animaux, faire arrêter la mer, le vent…). Merci pour ce poème vraiment beau ! | |
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| Sujet: Re: La Mort d'Orphée — Chant IV | |
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