La solitude me ronge comme un bain moussant.
Je bois la tasse et me noie dans mon sang.
Si la grâce était de ce monde, elle m'aurait épargnée,
Fait de mon corps un fief à peine foudroyé.
Terne et sans goût pour rien je chancelle,
Trouve une pute de cabaret dans ma ruelle.
Je me déplace au ralenti dans une brume hitchcockienne.
Je me brûle et me perds dans les volants des persiennes.
Les voix des maures m'appellent et me tentent sans détour.
Le seul courage que j'ai est de les fuir à mon tour.
So let go, jump in, oh well what are you waiting for?
Un slang syncopé qui scinde mes sens, strie mon sort.
Laide, blèche, turpide, hideuse, cadavérique, un déchet social.
Je viens empester les lampadaires et les pleurs d’automne pâles.
Le jour je rêve de Rembrandt, Rachmaninov et Rimbaud.
Ils destituent mon âme, craquent et croquent mes poreux os.
Semi-artiste dans son atelier, même pas peintre à l'oreille coupée.
Je fais des expériences sans but, certaine de ma littérature déglinguée.
J'ai moi aussi deux trous rouges au côté droit, de la sauce tomate périmée.
Je falsifie tout ce que je touche, embellis les gargouilles estropiées.
J'actualise une vie vide aux ornements fastueux,
Je tente de t'écrire mais que cela sonne creux.
Don't panic, don't panic, life is no longer what it used to be.
Encore ces motets assourdissants sombrant de crimes en cris.
Je m'injecte du speed dans les veines, dans l'oreille et le myocarde.
Dans le dos me poussent des parachutes percés d'échardes.
J'ingère une dose de talent et me fait vomir de l'encre acétique.
Un monstre germe en moi, j'ai deux têtes, mon nom est Spoutnik.
Je m'imbibe d'absinthe degré 42, psalmodie des anathèmes en hébreux.
La toute-puissance divine m'invoque, l'inspiration me pénètre de part en pieu.
Je vois le monde différemment, la pute de ma ruelle a des allures d'enfant.
Une infusion impressionniste s'est logée dans mes yeux décadents.
Regardez-moi! Je suis artiste et sale, je vous ai tous décrits dans mon art.
Je n'épargnerai personne, je vous consumerai comme on fume le désespoir.
Une débauchée sans envergure a vendu son âme aujourd'hui.
La bête presse son jugement, m'a rendue maître, transcende ma vie.
Je ne dors plus et mes réveils sont lourds.
La folie me guette et me menace tout le jour.
Leave your world, throw your head, fear the rest.
Je fuis le bonheur comme le gueux la peste.
La solitude me ronge comme une caresse amère.
Je m'effondre, m'étouffe dans des peintures vulgaires.
Les mots me manquent et me tournent en ridicule.
Je ne crée plus. L'Art est un pantin qui vainement gesticule.
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se distord.
J'abandonne les paradis artificiels et me rue sur la mort.
Je l'étripe et de mes yeux perçants lui crie que j'ai tout perdu,
Que j'ai crée la beauté mais que le néant jaloux m'a vaincue.
Nue, pourrie, avilie, humiliée, neurasthénique, une ordure poétique.
Le monstre géniale crible son placenta, annihile mon talent chimérique.
Un souffle dantesque embrasse mes lèvres macérées par la liqueur.
Revere the artist you never were, cry for the nightmare you will live forever.